"Le trait d'unions"   
   Janvier 1999 N 25

Un projet fou... fou... fou

Tout a commencÊ fin janvier 1998 Á Moscou. Antoine SÊgura et moi reprÊsentions l'Union Nationale France-Russie - CEI au VII congrÉs-sÊminaire des Professeurs de FranÚais de lÁ-bas.

Une semaine d'intense travail et de chaleureux contacts, isolÊs dans cette ancienne Maison des Syndicats, au milieu d'une forËt de bouleaux, sous une Êpaisse couche de neige et un froid sibÊrien (-18 ), Á quelque cent minutes de trajet (transports en commun) de la Place Rouge...

Une organisation parfaite, orchestreÊ par Janna Aroutiounova et son Êquipe.

Des intervenants - russes, belges, canadiens et, bien sÙr, franÚais - de grande qualitÊ (je ne pense Á nous deux, bien sÙr, qui sommes pourtant intervenus tant en sÊance plÊniÉre qu'en ateliers). Un engagement personnel intense de tous les stagiaires, venus Á grands frais de toute la Russie, pendant leurs congrÉs d'hiver...

Or, le FranÚais, en Russie, est aujourd'hui en danger. Certes, ils sont encore prÉs de dix mille Professeurs et plus d'un million d' ÊlÉves.Mais ces nombres ont fondu de moitiÊ en quelues annÊes, devant l'invasion de "l'anglo-amÊricain", pour lequel d'Ênormes moyens sont mis en oevre par les Etats-Unis.

C'est que la langue, l'outil de communication, ciest aussi le vecteur des Êchanges Êconomiques et technologiques.

Culture, Êchanges humains, coopÊration commerciale, tout se tient. D'oÝ notre bon entËtement associatif Á dÊfendre l'enseignement du Russe en France, et du FranÚais lÁ-bas.

Alors, devant tant de dÊvouement de nos amis, tant d'efforts pÊcuniers et pÊdagogiques, devant aussi leur sÊriese mÊconnaissance de la rÊalitÊ franÚaise d'aujourd'hui, nous avons "craquÊ". A la clÆture, Antoine SÊgura, Jean-Marie Gautherot (Directeur du Centre de linguistique appliquÊe de BesanÚon) et moi-mËme avons lancÊ: si vous le souhaitez, nous allons essayer d'organiser le SÊminaire 99 en France". Inutile d'insister sur le tohu-bohu enthousiaste qui Á accueilli l'idÊe: un beau moment d' Êmotion, mais le plus dur restait Êvidemment Á faire...

A vrai dire, nous n'Êtions pas les premiers Á avoir cette idÊe. DÊjÁ, en 1997, notre ami Robert ProspÊrini, alors Directeur de l'IUFM de Bourges s'Êtait lancÊ et avait rÊussi (1). Mais il s'appuyait sur un gros Êtablissement (le sien), et une proximitÊ avec les services de l'Education Nationale qui lui ont ÊtÊ fort utiles...
Il fallait donc trouver un ancrage eniversitaire. La proximitÊ de Dijon et de BesencÚn allait nous fixer rapidement.

Premiers contacts officiels pris au dÊbut du printemps. RÊponses trÉs interrogatives puis encourageantes: l'UniversitÊ, la ville de Dijon (son Ministre-Maire nous recevait personnellement pour un long entretien qui s'avÊrait dÊcisif), le Conseil GÊnÊral de CÆte-d'Or, s'engageraient tour Á tour sur le plan financier.

Les amis parisiens de l'Union travaillaient de leur cÆtÊ sur le "paquet" national que nous avions dÊcidÊ: rÊunir le 30 janvier au soir, du premier jour de notre propre congrÉs, Á la Sorbonne, l'ensemble des dÊlÊguÊs de nos associations, tous les prifesseurs russes de franÚais (retour de Dijon), des ReprÊsentats de la ville de paris, du Conseil RÊgional d'Ile de France, des MinistÉres de la Culture, de l'Education Nationale, des Affaires EtrangÉres sur le double thÉme de "l'AnnÊe Pouchkine" et de la semaine de la Langue russe".

Ce devrait Ëtre avec des intervenants prestigieux (russes et franÚais) un trÉs grand moment de culture, d'amitiÊ et d'Êmotion: forte raison pour Ëtre nombreux prÊsents Á Orly d'abord, Á la Sorbonne ensuite..

Mais chacun devinera l'immense travail que tout cela demande. Une petite Êquipe " Bourgogne Eurcasie", les "Parisiens" du bureau de l'Union (Bernard FrÊdÊrick, Christian Tourneret, Anne Royer, FranÚoise Bonner, Bernard Deyris, Albert Ressicaud...) sont Á la t×che depuis des mois. Il faut en effet trouver des subsides (budget global: prÊt de 300 000 francs), des hÊbergements, des moyens de transport, des lieux de nourriture et, bien entendu, les compÊtences nÊcessaires pour meubler la semaine de seminaire Á Dijon (mais le jeudi, c'est le C.L.A. de BesanÚon qui accueille tous nos invitÊ).

Or ces "invitÊs" sont... 130, venant de 58 villes et rÊgions de la FÊdÊration de Russie. Leur situation - celle de leur pays - est telle qu'ils dÊpensent eux mËmes depuis des mois aussi, trÊsors d'ingÊniositÊ, d'inventivitÊ et, disons-le, de dÊbrouillardise (collectes, emprunts, ventes de solidaritÊ, dÊmarches tout azimut) pour rÊunir les sommes nÊcessaires aux trajets jusqu'Á Moscou, puis de Moscou Á paris.

AprÉs, c'est Á nous de jouer, sinon, il n'y aura pas de sÊminaire!

Sur BesanÚon et Dijon, les budgets sont presque "bouclÊs". Il faut dire gu'au-delÁ des subventions reÚues ou promises, les universitaires ont fait d'immenses efforts pour nous aider: amphithÊ×tre et salles de cours finalement gratuits. Toutes les confÊrences, tous les cours seront donnÊs par les meilleurs spÊcialistes, en dehors de leurs travaux habituels et bÊnÊvolement. Quelques rÊceptions, buffets tiendront lieu de repas. Enfin, nous avons dÊjÁ 45 familles dijonnaises qui accueilleront autant de stagiaires, allÊgeant du mËme coup la facture "repas-hÆtellerie".

Reste cependant un trÉs gros souci financier: les transports Roissy-Gare de Lyon - Dijon (aller-retour). Nos discussions butent toujours sur les habituels tarifs "groupe": 45 000F. au total, pour lesquels nous n'avons pas le financement nÊcessaire...

je me permets donc d'appel de Bernard FrÊderick dans son Êditorial du prÊcÊdent "trait-d'Union": si des associations, des amis le peuvent, qu'ils n'hÊsitent pas Á aider Á la complÉte rÊussite de ce grand projet qui est celui de l'Union toute entiÉre, en versant "pour le 8e sÊminaire" sur le compte de l'Union Nationale: un relevÊ de tous les versements sera communiquÊ Á nos amis russes.

Si nous rÊussissons ensemble Á mener Á bien cette immense projet "totalement fou! nous on dit certain", ce sera un bel encouragement pour tous.

Il montrera d'abord Á nos amis russes, que l'Union Nationale est une force qui compte, "la tËte et les jambes" d'une coopÊration Á redynamiser entre nos pays.

Il tÊmoigne dÊjÁ du cÆtÊ "fortifiant" de la folle entreprise: des portes se sont ouvertes, les mÊdia (presse, radio, tÊlÊ) ont dÊjÁ manifestÊ leur intÊrËt publiquement et surtout, des dizaines de bonnes volontÊs - Pastorale diocÊsaine du tourisme, syndicats d'enseignants, mais aussi individualitÊ nombreuses - nous ont rejoints dans nos efforts "pour que cela rÊussisse!".

A l'heure oÝ ces lignes sont Êcrites, il reste un mois avant l'arrivÊe de la plus importante dÊlÊgation de Professeurs russes jamais venue en France. Ce mois de janvier,s'annonce un peu terrible quant Á la multitude de dÊtails matÊriels et organisationnels Á rÊgler.

Ce 20 janvier, Jeanna et son "Êtat major" arrivent pour les derniÉres mises au point. Le 23, commence une belle aventure..

Rendez-vous Á toutes et tous, le 30 janvier Á Orly puis ÁParis, ce sera, alors, l'heure des bilans.

AndrÊ Belleville.

PrÊsident de Bourgogne-Eurcaisie

(1) Il est maintenant attachÊ culturel auprÉs de l'Ambassade de France en Italie, et nous a confirmÊ ses immenses efforts d'alors, ses soucis... ses encouragements aussi.

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